champ libre

Sur le mystère

Plusieurs personnes m’ont dit ne pas voir précisément les tenants et les aboutissants des «nouveaux terriens». Le projet était à leurs yeux mystérieux. J’ai donc jugé utile d’éclairer la lanterne des premiers lecteurs, premiers curieux. À cette remarque, fondée, je réponds qu’effectivement, il y a un certain mystère mais je ne dirai pas pour autant qu’il est entretenu. Ce n’est pas exactement cela en fait.

Ce qui m’a semblé important, c’est que la démarche grandisse de manière organique à partir de l’élan qui m’a amené à vouloir comprendre mieux notre relation à la terre, à partir de celui des paysans et artisans qui sont impliqués dans la démarche, de celle aussi du ou des éditeurs qui permettront de diffuser les ressentis récoltés.

Aujourd’hui, le travail consiste à aller à la rencontre de paysans dans l’optique d’observer leurs savoir-faire mais aussi  leurs savoir-être. Cette démarche parle d’invisible et de sensibilité. Et si elle avait un objectif, ce serait sans doute de retrouver, de densifier la poésie de l’acte de «production alimentaire», en rappeler toute la valeur, tout ce que ces modes sensibles amènent au règne du vivant, au paysage, aux personnes qui vont s’en nourrir.

Finalement quand ces paysans, connectés à leur sol et la vie qui en émane, aux plantes, au ciel, c’est sans savoir ce qu’il adviendra précisément de leur production. Ils se laissent guider par leur expérience, leur connaissance mais aussi leur sensibilité. Ils acceptent une certaine forme de mystère.

Pouvons-nous alors nous inspirer de cette démarche pour construire une activité d’édition, de mise en lumière, des savoir-faire et savoir-être qui, si elle n’a pas encore de définition précise encore, puisse accueillir le mystère de sa propre création, ou dit de manière alternative, permette de garder le champ libre et ouvert ?

 

Ludovic