L’explorateur

Il avait fini par comprendre que l’inconnu, s’il existait encore, était au cœur de l’homme et que cette parcelle sauvage serait celle qui maintiendrait encore le monde dans sa forme originale. Il ne fallait pas écouter sa raison, elle ne saurait nous procurer l’élan qui nous ferait renaître, dans lequel elle nous emmenait, mais plutôt écouter son désir profond, celui qui reste quand tout à disparu. Il avait compris ça un jour en revenant de son emploi dans une tour. Il avait alors commencé à chercher en lui quelque chose qui lui prouverait que la vie valait encore la peine de vivre. Il s’était souvenu qu’il aimait cuisiner. Avec le temps il avait remonté la chaîne d’intermédiaires jusqu’au produit mais il manquait encore quelque chose. Il avait pensé aux producteurs. C’est comme ça que tout le monde les appelait. Ceux qui produisent. Cette appellation presque industrielle alors qu’il avait envie surtout de découvrir ces gens toucher la terre, accompagner le vivant, faire le paysage. On aurait pu les appeler des paysans. Ce n’était pas à proprement parler une personne, peut être uniquement un élan au sein des êtres humains. Il voulait savoir si cela existait vraiment.

Il a donc décidé de partir à leur rencontre. En cela on pouvait le qualifier d’explorateur.