Un herbier cinématographique proposé par Les Cahiers du cinéma

«Cet herbier à la croisée du scientifique et du poétique fait partie de notre geste d’ensemble pour aiguiser la sensibilité. Filmer un climat, retrouver les lieux de tournage, sont des manières de faire voir autrement et le monde et les films. Car prêter attention aux fleurs dans les films ne peut que les révéler dans la vie et inversement. Ce travail lutte contre l’appauvrissement de la sensation organisé par un pouvoir économico-politique qui a tout intérêt à réduire l’homme à un consommateur pris dans un état de stupeur réflexe. Ce pouvoir, qui substitue la machine à la nature et qui planifie une vie totalement urbaine et matérielle, nous rend aveugle à la beauté autour de nous. L’anesthésie générale fait de nous des plantes desséchées. Dans son livre récent, Le Détail du monde (Seuil), Romain Bertrand regrette «l’art perdu de la description de la nature» et dresse ce constat accablant : «Les mots nous manquent pour dire le plus banal des paysages.» Qui ne peut nommer ne peut voir. Adieu au langage signifie finalement aussi adieu à l’image.»

Cahiers verts par Stéphane Delorme