L’échelle et la proportion

Posons d’abord qu’il était mû par l’idéal qui aura fait la grandeur de la modernité – fondamentalement, la volonté de libérer l’être humain des jougs, naturels ou non, sous lesquels le maintenait la tradition. Cet idéal, celui de Descartes, doit rester le nôtre. Néanmoins, nous devons, en la matière, nous libérer du joug que le mouvement moderne, à son tour, nous a imposé en absolutisant “l’espace” ; c’est-à-dire en oubliant l’échelle pour la proportion, donc en effaçant l’horizon, et en coupant de ce fait le lien – vital pour les humains, essentiel pour l’architecture et la géographie – que la géométrie doit garder avec la non-géométrie de l’étendue concrète et des affaires humaines.
Augustin Berque dans “Ecoumène”.